SOIRÉE DE MÉCÉNAT AU PROFIT DE LA DEMEURE HISTORIQUE
Par Claire Bommelaer
Le temps d’une soirée, le très sélect Automobile Club a ouvert ses portes à le gent féminine. Discrètement niché place de la Concorde, le cercle possède une enfilade de salons et une terrasse avec vue imprenable.
Ce soir-là, 350 membres de la Demeure historique (DH) y déambulaient, une coupe à la main. L’association rassemble des propriétaires de châteaux, que l’on n’ose plus appeler châtelains. Il y a là un savant mélange de familles occupant le terrain depuis des siècles et de petits nouveaux, endettés jusqu’au cou mais plein d’espoir. Les temps changent . On serre la main des femmes plus qu’on ne la baise. Mais qu’on soit bien né ou bien diplômé, les sujets de conversation se ressemble. On s’émerveille devant des restaurations édifiantes, on salue le courage de jeunes repreneurs, on regrette les histoires d’héritage qui tournent mal. Quelqu’un s’affole : la mérule est en train de détruire ses charpentes. Dans la liste des nuisances, le champignons se situe juste en dessous des règles imposées par l’administration, unanimement jugées absurdes.
Avant le cocktail, une salve de prix récompensant des travaux exemplaires a été attribuée. La « DH » a de solides mécènes à ses cotés, qui donnent par amour du beau. Un film muet met à l’honneur les heureux bénéficiaires et leurs somptueux monuments. Les prix, pourtant élevés dans l’absolu, sont inscrits en tout petit. Tout le monde sait que 25 000 ou 30 000 euros s’envolent vite au royaume des châteaux.
Sur l’estrade, l’inénarrable Jacques Garcia, grand décorateur et lui-même propriétaire du champ-de-Bataille, dans l’Eure, fait un court discours : « J’ai sacrifié toute ma vie à champ. C’est de la douleur, beaucoup de douleur, mais au bout il y a tout de même la joie. » Il a bataillé comme un fou pour redresser sa demeure et ses jardins, qui s’étendent à perte de vue. Grace à cela, ce monde « qui n’était pas le sien » l’a désormais adoubé.